Le veilleur des brumes – Intégrale – Robert Kondo & Dice Tsutsumi

« Empêcher les ténèbres d’entrer, c’est la mission du veilleur des brumes. »
C’est ce que répétait sans cesse le père de Pierre, avant de disparaître. À présent, c’est au jeune garçon que revient cette mission capitale : veiller sur le barrage et faire tourner le complexe mécanisme du moulin afin de repousser les brumes mortelles qui menacent d’engloutir Val-de-l’Aube comme elles l’ont fait du reste du monde.
Veilleur des brumes, c’est une responsabilité solitaire : si, ailleurs, le monde est mort, au cœur du paisible village, la vie a repris, avec son lot de joies et de contrariétés. Pierre va à l’école, a des amis. Pourtant, lorsque vient le soir, il est de retour dans sa tour, face à l’épais brouillard qui lui a volé son père, pour permettre aux habitants de conserver leur insouciance.
Mais, de l’autre côté des murailles, les ténèbres prennent des forces. Le raz-de-marée mortel revient plus fortement chaque fois, et Pierre et ses camarades vont devoir mener ensemble cette ultime épreuve, ce dernier combat contre les brumes.

J’ai trouvé le premier tome de cette bande dessinée jeunesse sur les étagères retour de la médiathèque, la couverture m’intriguait alors je l’ai glissée dans mon sac. A l’origine de cette bande dessinée, se trouve un court-métrage intitulé The Dam Keeper qui a été multirécompensé dans de nombreux festivals, alors n’est-il pas illogique de la voir adapté en livre, d’autant que les auteurs Robert Kondo et Dice Tsutsumi se sont attachés à leur héros, un petit cochon prénommé Pierre. Je n’avais pas particulièrement d’attente pour cette lecture et j’ai été très surprise par le fond et par la forme. Le récit aborde de nombreux thèmes ce qui permet de le ranger dans la catégorie des « récits initiatiques » et la forme est très surprenante, un dessin tout en rondeur avec des couleurs pastelles qui détonnent avec un récit parfois sombre, parfois angoissant et parfois optimiste.

Tome 1 – Le veilleur des brumes

Le premier tome met en place les personnages et met en lumière les différents liens qui les unis. Pierre le cochon qui vieille sur le village de Val-de-l’Aube, son amie renard Roxane et Roland l’hippopotame vont se retrouver embarquer dans une une grande quête au-delà des murs du village. Un périple où la danger rôde puisque les brumes sont impitoyables. Un début qui oscille entre la douceur de la vie protégé des brumes par le mur et l’angoisse de l’inconnu qui s’étend derrière le mur. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de poésie dans ce premier tome et qu’il abordait habilement le deuil, l’héritage ou encore l’amitié. Ce n’est jamais lourd ou sirupeux, c’est subtil et permet une jolie réflexion.
J’ai été perturbée par le dessin et la mise en page, cela se sent que les auteurs sont issus de l’animation et non du dessin narratif, mais une fois la surprise passée, la lecture est un vrai bonheur.
Poétique et touchant !

Il n’y a pas de vie, dans les brumes…on n’y trouve que des souvenirs…

Tome 2 – Un monde sans ténèbres

Ce deuxième tome est la suite directe des aventures de Pierre, Roxane et Roland… Perdus au-delà du mur du village de Val-de-l’Aube, leur temps est compté avant que la nouvelle vague de brume ne déferle. Ils vont bien évidemment faire des rencontres qui vont leur faire comprendre beaucoup de choses sur leur environnement et sur eux. Et que serait un récit initiatique sans un personnage bizarre, ici, c’est Vince le lézard déjanté qui va les mener dans une ville possédant les même caractéristiques que Val de l’Aube. Pierre est quant à lui sujet à des hallucinations puisqu’il voir régulièrement une ombre qui ressemble à son père qui lui sert de guide, une occasion d’en apprendre sur les veilleurs de brumes et les rôles. Même si beaucoup de questions restent encore sans réponse.
Une nouvelle fois, Robert Kondo et Dice Tsutsumi font un excellent travail de design et de mise en page. La suite de cette aventure est pleine de découvertes et de nouveaux personnages, je me dois de rendre hommage à Frida, la reine des taupes, qui détonne en rose bonbon à paillettes. Elle est absolument géniale et déconnectée mais tellement important pour la quête de Pierre.
Toujours aussi touchant, avec une touche de burlesque qui est bienvenue pour alléger le récit.

Connais-tu le sens du mot sacrifice, mon fils ? Ça veut dire renoncer à des choses qui nous sont chères pour causes plus grandes.

Tome 3 – Retour à la lumière

Enfin le dénouement des aventures de Pierre, Roxane et Roland et surtout la conclusion d’un fabuleux voyage initiatique où les liens se sont renforcés et des réponses ont été apportées. Après deux tomes où l’amitié était au cœur du récit, ici, ce sont les liens familiaux qui sont mis en avant. Cette partie du récit nous permet de comprendre l’importance de la famille, qu’elle soit de sang ou de cœur, une famille qui parfois nous blesse, qui nous fait grandir mais qui démontre l’importance de la transmission de valeurs qui permettent d’avancer sur le chemin semé d’embûches de la vie. Pierre comprendra enfin les choix de son père.
Evidemment, il reste quelques questions sans réponse et j’ai trouvé que cette fin souffrait parfois de quelques grosses ficelles scénaristiques, mais je pinaille un peu sur ce coup 😁 Le récit est envoutant de la première à la dernière page.
Je suis toujours épatée par l’univers graphique de Robert Kondo et Dice Tsutsumi qui semble simple mais qui fourmille de détails. Des pleines pages magnifiques, une très bonne maîtrise des ombres et de la lumière et un découpage dynamique.

Le bien commun nécessite toujours quelques sacrifices.

Une bande dessinée jeunesse brillante par les thèmes développés portés par un univers graphique unique et coloré. Coup de cœur ❣❣❣

Note : 5 sur 5.

2 réflexions sur “Le veilleur des brumes – Intégrale – Robert Kondo & Dice Tsutsumi

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