La longue marche des dindes – Kathleen Karr & Léonie Bischoff

Missouri, été 1860. Après avoir quadruplé son CE1 à 15 ans, Simon diplômé d’office par Miss Rogers se voit refuser l’entrée en CE2 et doit gentiment déployer ses ailes. Aussi, le soir même de cette mauvaise nouvelle, lorsqu’il apprend que les dindes sur pattes valent 20 fois plus à Denver que chez lui, il décide d’acquérir 1000 têtes pour les convoyer sur 1000 kilomètres et prouver ainsi qu’il a le sens des affaires. Il recrute pour l’escorter une équipe improbable avec laquelle il va devoir traverser le désert, affronter les rocheuses et négocier avec les Indiens ! Ces derniers accepteront ils de laisser passer cette étrange caravane qui doit atteindre Denver pour y faire fortune ?

L’œuvre graphique La longue marche des dindes est adaptée du roman éponyme de Kathleen Karr paru en 1999 en France. Je n’ai pas lu le roman qui a servi de support à l’adaptation, c’est presque une habitude me direz-vous 🤭 Je ne pourrais donc pas juger de la qualité de l’adaptation, mais à première vue, celle-ci me semble très réussie. J’ai pris un très grand plaisir à suivre les différentes péripéties de Simon, un joli récit initiatique, une histoire humaine touchante et incroyable. Une totale réussite et le Fauve d’or jeunesse est totalement mérité.

Léonie Bischoff met en image cette très belle aventure humaine signée Kathleen Karr. J’ai beaucoup aimé son travail d’adaptation ainsi que la mise en image avec de jolies teintes pastels. Les personnages sont tous très intéressants et bien construits, cette longue marche est l’occasion pour eux de se découvrir et de mûrir. Le héros, Simon, n’a pourtant pas grand chose pour lui, il est certes attachant mais guère brillant à l’école et sa situation familiale est précaire et complexe. La vie a été dure avec lui mais il reste d’un optimisme sans faille. Il le lui faut pas grand chose qu’il dévoile complètement ses capacités, juste un petit coup de pouce. Sa bonne fée est Miss Rogers, son institutrice, qui va lui fournir les fonds nécessaires à son périple. Alors, oui, le début de l’histoire est très capitaliste, Simon se procure 1000 dindes à un certain prix et les achemine jusqu’à une ville où il pourra faire un bon bénéfice. Mais évidemment, le périple ne va pas vraiment se dérouler comme il l’avait prévu et les embûches seront nombreuses, tout comme les rencontres qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Je pense notamment à Jo, l’esclave en fuite qui va rejoindre le groupe dans l’espoir de trouver la liberté. J’ai été également surprise par le traitement des dindes par Simon, il les respecte et tient à ce que le voyage se passe le mieux possible pour elles.

Léonie Bischoff met parfaitement en lumière les différentes amitiés qui se développent entre les personnages qui ont tous des parcours de vie qui les rendent atypiques, ils s’enrichissent mutuellement de leur expérience. Ils apprennent à vivre ensemble et à se respecter malgré les différences. J’ai beaucoup aimé les paysages du Kansas, à la fois hostiles, mélancoliques et beaux qui sont parfaits pour l’aventure palpitantes de ces 1000 dindes et de leurs accompagnants. Il y a bien évidemment des méchants, que serait une bonne épopée sans méchants, ils sont détestables à souhait et quelque peu pathétiques, mais ils représentent bien le danger qui rôdait dans ces contrées à cette époque. L’appât du gain balaie toute morale.

Un homme n’a pas besoin de la bouteille quand il a un ami comme toi, Simon !

Un bien joli album à la mise en page bien pensée où les différentes étapes sont introduites par des cartes montrant ainsi le chemin parcouru par Simon, ses amis et ses dindes. Une œuvre graphique qui offre une belle leçon de tolérance et d’amitié au travers d’un joli récit initiatique. Coup de cœur ❣❣❣

Note : 5 sur 5.

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