Cela fait un moment que je vois passer ce RDV sans oser le reprendre, alors j’ose 😆 Initié par Ma lecturothèque, le principe est de citer, chaque semaine, les premières lignes d’un livre. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir des romans 🙂
Paris, le 2 mai 1889
Il flottait dans la cuisine un parfum d’huile de moteur et de pain grillé.
Otto, le valet automate de la famille de Fernay, toastait des demi-baguettes dans la fente de sa chaudière. La mie en ressortait aussi dorée que du cuivre. Cela expliquait probablement son arrière-goût de métal.
Assis en bout de table, Philémon grimaça en mordant la tranche que l’automate lui avait servie. Des miettes se répandirent sur son uniforme de Saint-Cyr – tunique noire et pantalon rouge un peu froissé. Le jeune homme les épousseta d’un geste maladroit. Quand il ne pilotait pas un aéronef, Philémon avait toute la majesté d’un goéland déplumé. Du haut de ses dix-sept ans, il était pourtant le maître des lieux. Un titre plus symbolique qu’autre chose, car l’aîné des Fernay devait compter avec quatre sœurs, pas si petites que ça. Le garçon n’avait guère eu besoin d’attendre ses premiers cours de stratégie à l’école militaire pour comprendre en quoi consistait l’infériorité numérique : voilà des années qu’il vivait en territoire occupé…
Et comme tous les matins, les forces rivales finirent par l’encercler.
Joséphine, Constance, Margaux et Louise rejoignirent la table du petit-déjeuner avec autant de minutes de retard que leurs âges respectifs : 16, 14, 13 et 11,267. Louise était très à cheval sur le décompte des jours qui la séparaient de ses douze ans. Elle aurait enfin l’âge d’entrer au lycée technologique.
Même si elle était déjà bien plus douée que lui, Philémon partageait avec la benjamine la passion des machines. De même qu’il partageait – avec moins d’élégance – les boucles cuivrées de Joséphine, les yeux gris comme des roulements à billes de Constance et le nez en pied de marmite de Margaux. Les parents l’avaient utilisé comme prototype pour les modèles suivants, à n’en pas douter.
Pax Automata | Ariel Holzl

L’empereur Napoléon III, grand vainqueur de Sedan, s’apprête à inaugurer l’exposition universelle organisée dans un Paris grouillant d’automates en tout genre. Lors de la parade d’ouverture, Philémon de Fernay, jeune élève de saint-Cyr, a le privilège de piloter le Zéphyr, le nouvel aéronef crée par Clément Ader. Mais tout déraille lorsque l’engin volant s’écrase sur la salle des machines et la pulvérise. Sous les gravats, Philémon découvre alors le corps d’un enfant automate aux traits particulièrement réalistes. Quel fabricant a bien pu enfreindre la loi principale de la Pax automata qui interdit la conception d’automates ressemblant à des humains ? Même Zélie, la romanicielle et mécanographe hors pair, n’a jamais rien vu de pareil ! Plus mystérieux encore…Une fois activé, l’enfant automate est capable de faire exploser n’importe quel mécanisme à proximité. Serait-ce une arme secrète dirigée contre l’Empire ?