Premières lignes #26

Cela fait un moment que je vois passer ce RDV sans oser le reprendre, alors j’ose 😆 Initié par Ma lecturothèque, le principe est de citer, chaque semaine, les premières lignes d’un livre. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir des romans 🙂

Paris, le 2 mai 1889

Il flottait dans la cuisine un parfum d’huile de moteur et de pain grillé.

Otto, le valet automate de la famille de Fernay, toastait des demi-baguettes dans la fente de sa chaudière. La mie en ressortait aussi dorée que du cuivre. Cela expliquait probablement son arrière-goût de métal.

Assis en bout de table, Philémon grimaça en mordant la tranche que l’automate lui avait servie. Des miettes se répandirent sur son uniforme de Saint-Cyr – tunique noire et pantalon rouge un peu froissé. Le jeune homme les épousseta d’un geste maladroit. Quand il ne pilotait pas un aéronef, Philémon avait toute la majesté d’un goéland déplumé. Du haut de ses dix-sept ans, il était pourtant le maître des lieux. Un titre plus symbolique qu’autre chose, car l’aîné des Fernay devait compter avec quatre sœurs, pas si petites que ça. Le garçon n’avait guère eu besoin d’attendre ses premiers cours de stratégie à l’école militaire pour comprendre en quoi consistait l’infériorité numérique : voilà des années qu’il vivait en territoire occupé…

Et comme tous les matins, les forces rivales finirent par l’encercler.

Joséphine, Constance, Margaux et Louise rejoignirent la table du petit-déjeuner avec autant de minutes de retard que leurs âges respectifs : 16, 14, 13 et 11,267. Louise était très à cheval sur le décompte des jours qui la séparaient de ses douze ans. Elle aurait enfin l’âge d’entrer au lycée technologique.

Même si elle était déjà bien plus douée que lui, Philémon partageait avec la benjamine la passion des machines. De même qu’il partageait – avec moins d’élégance – les boucles cuivrées de Joséphine, les yeux gris comme des roulements à billes de Constance et le nez en pied de marmite de Margaux. Les parents l’avaient utilisé comme prototype pour les modèles suivants, à n’en pas douter.

Pax Automata | Ariel Holzl

L’empereur Napoléon III, grand vainqueur de Sedan, s’apprête à inaugurer l’exposition universelle organisée dans un Paris grouillant d’automates en tout genre. Lors de la parade d’ouverture, Philémon de Fernay, jeune élève de saint-Cyr, a le privilège de piloter le Zéphyr, le nouvel aéronef crée par Clément Ader. Mais tout déraille lorsque l’engin volant s’écrase sur la salle des machines et la pulvérise. Sous les gravats, Philémon découvre alors le corps d’un enfant automate aux traits particulièrement réalistes. Quel fabricant a bien pu enfreindre la loi principale de la Pax automata qui interdit la conception d’automates ressemblant à des humains ? Même Zélie, la romanicielle et mécanographe hors pair, n’a jamais rien vu de pareil ! Plus mystérieux encore…Une fois activé, l’enfant automate est capable de faire exploser n’importe quel mécanisme à proximité. Serait-ce une arme secrète dirigée contre l’Empire ?

Premières lignes #26

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En 1876, en été, j’étais belle. À Tynemouth, sur la côte déchiquetée du Massachusetts, il était facile d’être superbe avec l’air du large qui me rosissait les joues et le soleil qui striait ma longue chevelure châtain de reflets cuivrés. Cela suffisait à me faire oublier – du moins à ne pas me soucier d’être marginale, un objet de curiosité qui faisait l’objet de messes basses quand je parcourais les rues boueuses de notre bourgade.

Ma beauté me manque-t-elle ? Bien sûr. Enfin, ce qui me manque le plus, c’est que les gens me trouvent belle. Cette admiration était pour moi de l’ambroisie qui rendait supportable mon existence par ailleurs solitaire. L’admiration d’un homme en particulier, Jack Pryce, me manque terriblement.

Il venait me voir, derrière la maison de ma famille, quand j’aidais notre bonne à étendre le linge ou quand je désherbais le jardin pierreux. Il m’apportait un petit cadeau, un caramel entouré de papier paraffiné provenant de l’épicerie de ses parents, une petite fleur verte qu’il avait cueillie parce qu’elle lui rappelait la couleur de mes yeux. Un présent qui me donnait l’impression d’être spéciale, que les ragots affirmant qu’il fréquentait la fille Clerkenwell étaient mensongers.

La berceuse des sorcières | Hester Fox

Deux femmes. Une histoire de sorcellerie. Et un pouvoir féminin profondément enraciné qui résonne à travers les siècles.

Deuxième moitié du XIXe siècle. Plus attirée par les bois et les falaises sauvages entourant la propriété familiale que par la société bien-pensante, Margaret Harlowe est une jeune femme issue d’une famille aisée de Nouvelle-Angleterre, mais elle ne correspond pas tout à fait à ce qu’on attend d’elle à l’époque. Elle devient de plus en plus étrange et de plus en plus belle, alors qu’elle cultive un étrange pouvoir. Bientôt, on chuchote autour d’elle et le nom de « sorcière » émerge. Et la puissance de Margaret commence à tisser une toile bien sombre autour de la ville. Cent cinquante ans plus tard, Augusta Podos prend un emploi de rêve à Harlowe House, la maison historique d’une riche famille qui a été transformée en un petit musée à Tynemouth, dans le Massachusetts. Quand Augusta tombe sur une référence étrange à une fille des Harlowe qui a presque été effacée des archives historiques, le mystère est trop intrigant pour être ignoré. Mais alors qu’elle creuse plus profondément, quelque chose de sinistre jaillit de son sommeil, une puissance obscure qui lie une femme à l’autre à travers les lignes de sang et de temps. Si Augusta ne peut résister à son charme, tout ce qu’elle sait et aime, y compris sa vie même, pourrait être perdu à jamais.

Premières lignes #25

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En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens – maison dans laquelle Sheridan mourut en 1814 –, était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention.

Phileas Fogg.

À l’un des plus grands orateurs qui honorent l’Angleterre, succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon que c’était un fort galant homme et l’un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise.

On disait qu’il ressemblait à Byron – par la tête, car il était irréprochable quant aux pieds –, mais un Byron à moustaches et à favoris, un Byron impassible, qui aurait vécu mille ans sans vieillir.

Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg n’était peut-être pas Londonner. On ne l’avait jamais vu ni à la Bourse, ni à la Banque, ni dans aucun des comptoirs de la Cité. Ni les bassins ni les docks de Londres n’avaient jamais reçu un navire ayant pour armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne figurait dans aucun comité d’administration. Son nom n’avait jamais retenti dans un collège d’avocats, ni au Temple, ni à Lincoln’s-inn, ni à Gray’s-inn. Jamais il ne plaida ni à la Cour du chancelier, ni au Banc de la Reine, ni à l’Échiquier, ni en Cour ecclésiastique. Il n’était ni industriel, ni négociant, ni marchand, ni agriculteur. Il ne faisait partie ni de l’Institution royale de la Grande-Bretagne, ni de l’Institution de Londres, ni de l’Institution des Artisans, ni de l’Institution Russell, ni de l’Institution littéraire de l’Ouest, ni de l’Institution du Droit, ni de cette Institution des Arts et des Sciences réunis, qui est placée sous le patronage direct de Sa Gracieuse Majesté. Il n’appartenait enfin à aucune des nombreuses sociétés qui pullulent dans la capitale de l’Angleterre, depuis la Société de l’Armonica jusqu’à la Société entomologique, fondée principalement dans le but de détruire les insectes nuisibles.

Phileas Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout.

Le tour du monde en 80 jours | Jules Verne

Un pari audacieux, mettant en jeu la somme colossale de vingt mille livres, déclenche l’une des plus grandes aventures de tous les temps, alors que le gentleman londonien Phileas Fogg et son fidèle valet Passepartout partent pour tenter de faire le tour du monde en seulement quatre-vingts jours.

Leur voyage les conduira à traverser le monde par la mer, le train, et même à dos d’éléphant. Mais Phileas n’a pas que le temps qui joue contre lui – un détective de Scotland Yard, convaincu que Phileas est un infâme voleur de banque, est également sur ses talons.

Premières lignes #24

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Il y a deux inconvénients à être un membre mineur de la famille royale d’Angleterre.
Pour commencer, on est censé se comporter comme il sied à quelqu’un appartenant à la royauté, sans que vous soient donnés les moyens de le faire. On attend de vous que vous embrassiez des bébés, fassiez acte de présence au château de Balmoral (vêtu d’un kilt, comme il convient) et portiez des traînes lors des mariages. Les moyens de subsistance ordinaires ne sont pas vus d’un bon œil. Il n’est par exemple pas autorisé de travailler au rayon des cosmétiques d’un grand magasin londonien comme Harrods, ainsi que je m’apprêtais à le découvrir.
Lorsque je me hasarde à faire observer l’injustice de cette situation, on me rappelle le second point de ma liste. Apparemment, le seul destin acceptable d’une jeune femme de la Maison Windsor consiste à épouser un membre d’une des autres Maisons royales qui, semble-t-il, parsèment encore l’Europe – bien qu’il ne reste de nos jours que très peu de monarques régnants. Même une Windsor aussi insignifiante que moi est une prise séduisante pour ceux qui souhaitent forger une alliance précaire avec la Grande-Bretagne en ces temps instables. On me répète sans cesse qu’il est de mon devoir de faire un bon mariage avec un membre parfaitement affreux d’une famille royale européenne – un individu à demi aliéné, aux dents de lapin, dépourvu de volonté et de courage – et ainsi de nouer des liens avec un ennemi potentiel. C’est ce qu’a fait ma cousine Alex, la pauvre. Son exemple tragique m’a servi de leçon.
Avant d’aller plus loin, je suppose qu’il me faut me présenter. Je suis Victoria Georgiana Charlotte Eugénie, fille du duc de Glen Garry et Rannoch – mais tout le monde me surnomme Georgie.

Son espionne royale – Tome 1 – Son espionne royale mène l’enquête | Rhys Bowen

Sa première mission royale : espionner le prince de Galles.
Londres, 1932.
Lady Victoria Georgiana Charlotte Eugenie, fille du duc de Glen Garry et Rannoch, trente-quatrième héritière du trône britannique, est complètement fauchée depuis que son demi-frère lui a coupé les vivres. Et voilà qu’en plus ce dernier veut la marier à un prince roumain !
Georgie, qui refuse qu’on lui dicte sa vie, s’enfuit à Londres pour échapper à cette funeste promesse de mariage : elle va devoir apprendre à se débrouiller par elle-même.
Mais le lendemain de son arrivée dans la capitale, la reine la convoque à Buckingham pour la charger d’une mission pour le moins insolite : espionner son fils, le prince de Galles, qui fricote avec une certaine Américaine…

Premières lignes #23

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C’était un orage d’été.
Des éclairs zébraient le ciel, illuminaient la forêt avant de la replonger dans l’obscurité le tonnerre résonnait dans la vallée comme hurlé d’un énorme monstre noir caché derrière les nuages.
La pluie battait le pare-brise de la voiture, assourdissant l’habitacle jauni de cigarette. L’homme aux cheveux gris et sa passagère n’en semblaient pas gênés. Ils ne parlaient pas, n’écoutaient pas la nuit gronder. Ils se contentaient de fixer la route d’un air absent.
D’un geste alourdi par l’alcool, la femme s’empara de la bouteille de vin à ses pieds. Elle porta le goulot à ses lèvres et but une, deux longues gorgées.
Un éclair frappa un arbre en contrebas et le tonnerre hurla encore.
C’est alors qu’ils le virent.
L’enfant se trouvait au milieu de la route, les cheveux balayés par le vent, les yeux aussi noirs que cette nuit d’orage.
— Bordel, que…
— Non ! cria la femme.
Elle lâcha la bouteille et se jeta sur le volant : la voiture fit une violente embardée.
— Put…
L’homme n’eut pas le temps de terminer. Le véhicule quitta la route, s’engagea sur l’herbe et la pente de la forêt. Malgré les vapeurs d’alcool, le conducteur appuya sur le frein.
La pédale ne répondit pas.
Emportée par la vitesse, la voiture percuta un arbre dans un bruit terrible de métal froissé. L’homme et la femme furent violemment projetés en avant. Du sang gicla sur le pare-brise. Une étincelle jaillit du moteur : le feu se propagea aussitôt au reste du véhicule.
Un éclair plus fort que les autres illumina le ciel, la forêt et l’enfant. Immobile, ce dernier observait les flammes dévorer la voiture, les yeux brillants de colère, le visage mouillé de pluie et de larmes.
Le tonnerre gronda. Une nouvelle zébrure déchira les nuages et éclaira la route au milieu des bois.
L’enfant n’était plus là.

Des milliers de lucioles voletaient au-dessus de la chaussée.

La princesse au visage de nuit – David Bry

Hugo, enfant violenté par ses parents, s’est enfui avec ses amis dans la forêt pour trouver la princesse au visage de nuit qui, selon les légendes, exauce les vœux des enfants malheureux, parfois au prix de leur vie. Après une nuit entière, Hugo ressort seul et amnésique. Vingt ans plus tard, Hugo apprend la mort de ses parents. De retour sur ses terres, alors qu’il se retrouve mêlé à l’enquête, d’étranges événements se produisent. De mystérieuses lueurs brillent dans les bois, les orages soufflent des prénoms dans le vent.